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Une fragile stabilisation
MONTHLY INVESTMENT BRIEF
AVRIL 2020
Laurent Denize,
GLOBAL CO-CIO &
GLOBAL HEAD OF FIXED INCOME
Quel que soit le positionnement actuel, le plus important est de pouvoir ajuster ses allocations en fonction des événements et de l’interprétation de ceux-ci par les investisseurs
Faire des prédictions sur l'économie et les perspectives du marché parait bien futile tant l’incertitude est forte sur la pandémie elle-même. Disons-le, personne ne sait vraiment comment les choses vont se dérouler dans l'année à venir. Seul un vaccin ou un traitement efficace disponible dans un délai raisonnable permettrait de stopper la pandémie et de donner un coût à cette crise. Dans l’intervalle, la perturbation sociale et économique va continuer à s'intensifier jusqu'à ce que la propagation du virus commence à s'atténuer. En ce sens, nous ne nous risquerons pas à faire des pronostics sur l’ampleur de la récession, le taux de chômage ou même la baisse des résultats des entreprises. Les meilleurs épidémiologistes du monde ne parviennent toujours pas à évaluer les effets du confinement sans même en évoquer les scénarios de sortie. Comment alors en évaluer les conséquences ? Cela n’a que peu de valeur, voire de sens.
Dans ce contexte, que faire pour un investisseur ?
- Il n’est plus possible aujourd’hui d’évacuer le risque extrême d’une pandémie qui dure, voire s’intensifie. Même si ce scenario n’est pas le plus probable (heureusement), il causerait une dépression économique telle
que la totalité des actifs serait affectée. Si les signaux
convergeaient dans cette direction, il faudrait pouvoir liquider les actifs les plus à risque, bref favoriser la liquidité. Dans un univers incertain, il faut remettre en question en permanence ses analyses et être prêts à un virage
à 180 degrés. C’est le stade premier de l’analyse, la survie. Ne pas trop entamer son capital ou budget de risque
pour avoir les moyens de réinvestir.
- Le scénario le plus probable et le plus partagé (en l’état
actuel de nos connaissances), s’articule autour d’une
pandémie qui prend fin pendant l’été et une sortie de confinement lente car complexe. Par conséquent, l’impact
macro et microéconomique devrait être majeur dans les
pays les plus touchés par la pandémie. Cependant, la rapidité et les montants engagés par les autorités sur le
plan monétaire ou fiscal sont de nature à limiter dans le
temps la récession et de permettre d’éviter une dépression.
- Il ne faut pas non plus évacuer le scenario qu’un médicament, un vaccin, voire tout autre paramètre spécifique (chaleur…) éteignent le virus et favorisent un retour
à la normale. Là aussi la probabilité reste assez faible,
mais les actifs risqués bénéficieraient d’un effet boomerang amplifié par les injections de liquidité des banques
centrales et les plans de relance des Etats. De nouveau,
il s’agit de pouvoir être agile et favoriser la liquidité afin
d’être en capacité de se repositionner rapidement sur les
actifs privilégiés par les investisseurs.
Bref, et vous l’aurez compris, quel que soit le positionnement actuel, le plus important est de pouvoir ajuster ses allocations en fonction des événements et de l’interprétation de ceux-ci par les investisseurs. Car n’oublions pas que le comportement des marchés financiers n’obéit pas qu’à la seule logique rationnelle d’analyse et de corrélation avec la macro ou la microéconomie mais aussi à des facteurs humains ou cognitifs. Il se peut ainsi, que “le marché” décide à un moment que le pire est passé et « emploie » le flot de liquidités déversé par les banques centrales.
Pour finir, je vous livre une analyse de Factset qui montre que lors des 15 dernières années, le MSCI world a procuré un rendement annualisé de 7.5% jusqu’à fin décembre 2019.
Si vous ratiez les 40 meilleures séances, vous perdiez 2.5% en annualisé.
Restez investis… sur des actifs liquides, les actifs illiquides restant à privilégier pour les investisseurs qui veulent s’extraire de la volatilité et qui n’ont pas de besoin de liquidités avant 8 ans.